La technologie blockchain, ou « chaîne de blocs », sur laquelle repose la monnaie cryptographique Bitcoin, pourrait bientôt être exploitée pour une très grande variété d’applications. « J’ai mené des recherches, implémenté, testé et proposé un produit pleinement valide et fonctionnel permettant d’utiliser blockchain pour faire fonctionner un service d’horodatage simple, » explique Mohammad Alhaj Ali, un étudiant de l’université Uppsala, en Suède, qui a travaillé sur son mémoire de master à la société Nexus Group, spécialisée dans les identités et la sécurité.
La première étape a consisté à chercher quel dérivé de la technologie blockchain serait adapté pour alimenter le service d’horodatage.
« Une blockchain est une base de données distribuée maintenue par des dizaines de milliers d’ordinateurs simultanément. La blockchain gère une liste sans cesse croissante d’enregistrements protégés, appelés « blocs », par nature accessibles en lecture seule. Mais la technologie blockchain peut être exploitée de différentes façons » explique Alhaj Ali.
L’horodatage permet d’être en mesure de prouver qu’un fichier ou un document numérique existait à un certain moment. Ce fichier ou ce document peut être par exemple une pièce d’identité numérique ou un dossier médical numérisé.
« J’ai créé un site web sur lequel des personnes peuvent s’identifier et déposer des fichiers qu’elles souhaitent horodater. Une fois le fichier déposé, le service d’horodatage calcule automatiquement la somme de contrôle du fichier, » poursuit Alhaj Ali.
Cette somme de contrôle est calculée à l’aide d’un algorithme cryptographique, et le résultat donne ce que l’on pourrait appeler une empreinte numérique du contenu du document. Cette méthode peut être utilisée pour identifier de façon unique un document, et prouver que celui-ci n’a pas été altéré après que sa somme de contrôle a été calculée.
« Si l’utilisateur ne souhaite pas déposer le fichier sur le site pour des raisons de confidentialité, il peut effectuer lui-même le calcul de la somme de contrôle, puis transmettre cette somme de contrôle au lieu du fichier lui-même. Quelle que soit la méthode utilisée, il suffit ensuite à l‘utilisateur de cliquer sur ‘horodater’. Le système en arrière-plan, qui est une blockchain, traitera alors la demande » explique Alhaj Ali.
La blockchain traite la demande, et si celle-ci est validée par 51% ou plus des ordinateurs qui maintiennent la blockchain, la somme de contrôle est enregistrée, en même temps que l’identité de l’utilisateur et le datage.
« La liste contenant les informations enregistrées est publique et il est possible d’y effectuer des recherches. Si vous voulez vérifier qu’un document m’appartient bien et a été validé à une date précise, vous pouvez rechercher ce document par sa somme de contrôle ou par la date et l’heure, et le système affichera les informations publiques » commente Alhaj Ali.
Un service d’horodatage validé par une blockchain présente plusieurs avantages comparé aux méthodes classiques, selon Alhaj Ali.
« Un service d’horodatage classique, fonctionnant sur un seul ordinateur, nécessite une installation et de la maintenance, ce qui est plus coûteux qu’un système distribué. Un ordinateur unique est également plus exposé aux agressions que des dizaines de milliers de machines connectées. Le fait que le code de la blockchain soit ouvert et accessible à tous rend le système transparent, ce qui accroît la confiance de l’utilisateur. Et comme une blockchain est par nature en lecture seule, il est impossible de manipuler les données » poursuit Alhaj Ali.
Kim Freskgård, responsable du développement logiciel chez Nexus, confirme que la blockchain offre une sécurité et une fiabilité accrue.
« En utilisant la technologie blockchain, nous savons que nous pouvons nous fier aux données. Et le système sera toujours opérationnel, quoi qu’il arrive » explique-t-il.